Journal De l'éducation numérique.

Posté par  (site web personnel) . Licence CC By‑SA.
20
4
avr.
2012

Et si on enseignait vraiment le numérique ? Un texte intéressant à lire sur le site du Monde, soulignant l'importance d'apprendre au citoyen, dès le plus jeune âge, à trouver sa place dans le monde numérique.

L'Internet comme nouveau moyen de communication et de démocratie pose à la société le même défi que l'apprentissage de l'écriture et de la lecture : quiconque n'en maîtrise pas l'usage se trouve écarté du savoir et on observe déjà l'apparition de clivages, d'une nouvelle forme d'analphabétisme.

Il est capital aujourd'hui de guider les jeunes générations, par la production du contenu, de les éveiller à l'importance de leur vie privée, de la réflexion, pour ne plus simplement consommer. Quels politiques proposent aujourd'hui d'éduquer la jeunesse, par le biais de programmes scolaires, à un usage intelligent de l'Internet ?

  • # Génération numérique

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 9.

    Personnellement, je pense que c'est une conséquence du mythe de la « génération numérique » qu'on nous sert depuis 20 ans.

    Mon expérience perso me montre que, en dehors du domaine info, la génération de mes parents (nés dans les années 50) tend à avoir une meilleur compréhension de l'outil informatique que ma propre génération.

    • [^] # Re: Génération numérique

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 9.

      Mon expérience perso me montre que, en dehors du domaine info, la génération de mes parents (nés dans les années 50) tend à avoir une meilleur compréhension de l'outil informatique que ma propre génération.

      Meilleure, je ne sais pas, mais ils éprouvent au moins de la méfiance envers certains outils. Sentiment que la "génération numérique" a totalement perdu, en s'enfermant dans un modèle de consommation qui a été créé pour elle.

      • [^] # Re: Génération numérique

        Posté par  . Évalué à 10.

        Ça dépend. Vu le nombre de cinquantenaires que je vois forwarder sans broncher les chaînes de mails et installer tout plein de gadgets inutiles et sources de spywares, je me dis que ça n'est pas forcément gagné…

        • [^] # Re: Génération numérique

          Posté par  . Évalué à 10.

          Vu le nombre de cinquantenaires que je vois forwarder sans broncher les chaînes de mails

          Et la génération d'après retweete et "like" sans réfléchir, en obéissant à l'émotion induite par un contenu rapide à lire et frappant. La différence n'est pas énorme.

          THIS IS JUST A PLACEHOLDER. YOU SHOULD NEVER SEE THIS STRING.

    • [^] # Re: Génération numérique

      Posté par  . Évalué à 0. Dernière modification le 04 avril 2012 à 16:59.

      Euh, j'ai rien compris à ta deuxième phrase.

      Comment tu veux avoir une compréhension de l'informatique hors du domaine informatique ?

      Article Quarante-Deux : Toute personne dépassant un kilomètre de haut doit quitter le Tribunal. -- Le Roi de Cœur

      • [^] # Re: Génération numérique

        Posté par  . Évalué à 4.

        fallait sans doute lire : « compréhension de l'informatique tout en travaillant hors du secteur informatique » (un ingénieur info, même à 60 ans, est sans doute plus au fait de ce sujet qu'un kéké de 17 ans)

        Only wimps use tape backup: real men just upload their important stuff on megaupload, and let the rest of the world ~~mirror~~ link to it

    • [^] # Re: Génération numérique

      Posté par  . Évalué à 4.

      D’abord, c’est « en Amérique » qu’il faut dire, et pis faut y aller en dehors des vacances scolaires…

      En plus de cette référence culturelle de la fin du siècle dernier, le titre du commentaire m’a fait me souvenir que certains nous parlent de « génération digitale », la génération qui se touche…

      Je n’y suis plus →.

    • [^] # Re: Génération numérique

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 4.

      Mon expérience perso me montre que, en dehors du domaine info, la génération de mes parents (nés dans les années 50) tend à avoir une meilleur compréhension de l'outil informatique que ma propre génération.

      Mes clients sont pour la plupart des retraités et je trouve qu'ils font plutôt "génération sacrifiée" du numérique.

      Ils ne parviennent pas à conceptualiser le caractère immatériel des objets numériques. Ils n'arrivent pas à appréhender les interfaces graphiques : là où nous distinguons des éléments (fenêtres, barres, bureau) et éventuellement des couches ils ne voient qu'un tout sans délimitations.

      C'est assez compliqué de leur faire comprendre les concepts de fichiers et répertoires (même avec des comparaisons type "chaussettes dans tiroir"). Ne parlons pas de l’arborescence. Distinguer le web de l'application qui leur permet de naviguer dessus, surtout si leur FAI à fait installer des outils qui leurs collent un raccourcis du type icône Orange sur le bureau = Internet.

      Pour ce qui est de la Netiquette, expliquer à un béotien comment rédiger un e-mail, qu'il faut remplir correctement le champ Subject, à quoi ça sert, comment on répond, etc. Et bien c'est un sacerdoce. ça tombe bien, c'est mon job et j'aime ça mais j'ai parfois l'impression de prêcher dans le désert.

      Le soucis d'éducation au numérique est je pense extrêmement différent entre des soixantenaires + et des djeunz. Le djeunz sait où se trouve le volant et les pédales mais ne connaît pas le code de la route. Mes petits vieux passent de la charette à l'avion.

      Nasty thoughts are like buses - you don't get one for ages and then a whole army arrive at once.

      • [^] # Re: Génération numérique

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

        Il y a quand même un truc qui m'inquiète, c'est que j'ai parfois l'impression que le fait d'être devant un écran rend les gens débiles alors qu'ils sont intelligents par ailleurs. Par exemple, certains sont capable de comprendre des trucs plutôt compliqués écrits sur papier, de rédiger une lettre dans les formes (expéditeur en haut à gauche, destinataire à droite, sujet, formule…), mais totalement incapables de comprendre une question d'un logiciel ou de remplir correctement un message électronique. Capables de ranger leurs affaires de façon tout à fait censée, et incapables d'organiser des fichiers autrement qu'en un bordel innommable…

        • [^] # Re: Génération numérique

          Posté par  . Évalué à 2.

          Capables de ranger leurs affaires de façon tout à fait censée, et incapables d'organiser des fichiers autrement qu'en un bordel innommable…

          Moi je fais le contraire. Les deux modes de fonctionnement sont peut-être incompatibles, ou alors c'est moi qui ai du mal avec le rangement matériel.

          • [^] # Re: Génération numérique

            Posté par  (site web personnel) . Évalué à 0.

            ou alors c'est moi qui ai du mal avec le rangement matériel.

            Peut être parce que "IRL" les rares métacaractères disponibles sont "pelle à neige" et "caterpillar" ? ^

            Nasty thoughts are like buses - you don't get one for ages and then a whole army arrive at once.

  • # B2i

    Posté par  . Évalué à 2.

    Ce n'est pas ce que fait le B2i déjà ?

    • [^] # Re: B2i

      Posté par  . Évalué à 7.

      Non.

      Le B2i sert par exemple à :
      - filer du boulot aux chefs d'établissement en fin d'année, lorsqu'il doivent valider en bloc les items pour des classes complètes dont ils ne connaissent pas les élèves
      - permettre à d'autres de faire de jolies statistiques sans intérêt.

    • [^] # Re: B2i

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à 3.

      Le truc qu'on passe en 3e ?

      Je doute de l'utilité, en l'état, du B2i… Il faudrait l'améliorer et le faire passer tous les ans pour se mettre à jour (jusqu'à la fin du lycée).

  • # Coder !

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 6.

    J'ajouterai aussi cet article http://www.slate.fr/lien/52717/pourquoi-les-enfants-doivent-apprendre-coder-ecole qui relève de la même démarche, peut-être en allant un peu plus loin.

    Entendons-nous bien, je ne pense pas que tout enfant doit connaître le C pour hacker le noyau. Mais avoir une idée de comment fonctionne un ordinateur, avoir des bases en algorithmie, participe à cette nécessaire connaissance de l'informatique qui manque à nos enfants.

    Expérience perso: j'ai faillit me friter avec un prof de techno en visitant le futur collège de ma fille. Pour lui (et l'éducation nationale) apprendre l'informatique c'est utiliser un traitement de texte et un tableur. (au moins il a dit tableur et pas excel, et c'était openoffice)

    • [^] # Re: Coder !

      Posté par  . Évalué à 4.

      Je pense qu'on est là typiquement dans l'ambigüité des objectifs de l'Éducation Nationale qui, depuis quelques décennies, a décidé de considérer que la formation professionnelle était l'un de ses objectifs. Du coup, un cours ne vise plus seulement à éduquer les élèves et à leur transmettre des savoirs, mais aussi (et surtout dans les filières techniques) à les former à l'utilisation d'outils, conformément aux attentes du monde de l'entreprise.

      Dans le détail, autant je comprends la nécessité d'enseigner l'utilisation de traitements de texte, autant je ne comprends pas ce qu'on peut bien faire d'un tableur, outil "couteau Suisse" bancal qui n'est finalement jamais adapté. Un tableur fait mal ce qu'un autre logiciel fait correctement, mais il sait tout faire (mal). Justement, à mon avis, apprendre l'informatique, c'est apprendre à utiliser les bons outils : une base de données, un logiciel de traitement statistique, un langage de script, etc.

      Ceci dit, ça peut aussi bien venir de la qualification du prof. L'EN peine à attirer des gens motivés et compétents, et le gars peut très bien faire de son mieux avec ce qu'il connait.

    • [^] # Re: Coder !

      Posté par  . Évalué à 6.

      As-tu vérifié sur quoi repose le programme de techno ? Tu sembles découvrir que pour l'Éducation Nationale, l'informatique c'est être devant un clavier et utiliser des outils bureautiques. Si déjà on avait le temps de former les gamins à les utiliser correctement, ce ne serait pas si mal.

      Personnellement, je n'ai jamais connu une époque où ce fut autre chose (ah si : la "tortue", le "logo"…j'avais 6 ans).

      • [^] # Re: Coder !

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 5.

        C'est sur, mes derniers contacts avec la techno, c'est quand j'étais moi-même au collège.
        Maintenant j'y retourne pour mes enfants.

        À mon époque (mode vieux con) j'ai fait du logo en primaire, du dessin technique et de l'électronique (oui, avec des typons et des soudures) en techno au collège et du pascal au lycée (option informatique)

        Non seulement c'est ce qui m'a donné "la vocation" mais surtout tout le monde avait alors un vernis technologique et informatique. Même ce simple vernis manque AMHA cruellement dans notre société. La majorité des gens ne sont que de simples utilisateurs effrayés par ce qu'ils ne comprennent pas. Une compréhension un peu plus poussée de la technologie en général permettrait à beaucoup de monde d'avoir plus de contrôle (et de raconter moins de conneries accessoirement).

        • [^] # Re: Coder !

          Posté par  . Évalué à 4.

          À mon époque (mode vieux con) j'ai fait du logo en primaire, du dessin technique et de l'électronique (oui, avec des typons et des soudures) en techno au collège et du pascal au lycée (option informatique)

          Pareil au collège, plus un peu de travail sur bois avec limes, scies et perceuses (manipulées par le prof après qu'on ait marqué où faire les trous). Mais ce n'est pas tout, on a aussi fait, tout du moins essayé de faire pour beaucoup, de la couture avec des machines à coudre. La cuisine était au programme mais on a pas pu aller dans les ateliers pour des raisons que j'ai oubliées.

          Après coup ce n'était pas si mal et je ne me sens pas comme une poule devant un couteau lorsque je dois utiliser un outil, hormis une machine à coudre mais comme je ne compte pas en avoir une…

          The capacity of the human mind for swallowing nonsense and spewing it forth in violent and repressive action has never yet been plumbed. -- Robert A. Heinlein

      • [^] # Re: Coder !

        Posté par  . Évalué à 3.

        Poiur moi la première approche de l'informatique s'est faite en CM1 sur un TO7, à faire du basic.

        J'ai pas tout compris mais ça m'a permis de trouver ma voie (je me suis dit que je voulais faire de l'informatique).

        Donc même si à l'époque le TO7 était largement en dessous de ce qui se faisait ailleurs, ça a été suffisant pour m'apprendre l'essentiel de l'informatique (comparaison de la mémoire d'un ordinateur avec un tiroir qui porte une étiquette, la phrase clé de l'instituteur de l'&poque était "un ordinateur c'est bête comme ses pieds : il ne fait que ce que tu lui dit. Si ça ne marche pas comme tu veux, c'est parce que tu ne lui a pas bien dit).

        Si on pouvait apprendre aux gamins un langage simple (à l'époque c'était le basic mais je pense qu'aujourd'hui il y a mieux), ce serait pas mal : au moins ça leur permettrait d'appréhender le fonctionnement d'un programme simple.

        Je vais tenter l'expérience avec ma fille, tiens. On va voir ce que ça donne.

    • [^] # Re: Coder !

      Posté par  . Évalué à 1.

      Je suis d'accord. Coder est un bien grand mot, mais comprendre l'informatisation de processus (par l'algorithmie) est une véritable compétence à apporter aux enfants.

      Ma copine est instit, je lui ai donc préparé ses cours d'"informatique" : montrer qu'à partir d'un problème de la vie courante, on utilise les maths pour calculer le montant d'une commande et ensuite montrer qu'en s'organisant, les tâches répétitives peuvent être informatisées (exemple prix unitaire, quantité, sous total, total) dans un tableur.

      Les enfants ont alors découvert que l'informatique n'est pas juste recopier un texte qu'on donne polycopié (oui, ça existe encore) dans un traitement de texte avec pour seul objectif de l'imprimer.

      J'ai même préparé une interro, je n'ai pas vu leur tête mais apparemment ils ont été surpris : à l'école l'informatique est souvent perçu comme un divertissement, une récompense parfois. Là ils ont compris qu'il fallait utiliser sa tête.

      Sinon, pour ceux qui n'ont pas entendu parler, voici une bonne leçon qu'a donné un enseignant à ses élèves : http://www.laviemoderne.net/lames-de-fond/009-comment-j-ai-pourri-le-web.html

      Au fait, je suis issu de cette génération qui appris le logo ;-)

      • [^] # Re: Coder !

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

        Est-ce que ce cours est dispo quelque part ? Sur quel langage t'es tu basé ?
        J'envisage très sérieusement d'apprendre la programmation moi-même à mes enfants, voir même de proposer à l'école (primaire) de la plus jeune comme activité sur le temps libre.

        • [^] # Re: Coder !

          Posté par  . Évalué à 2.

          Ce cours était la forme très académique de problèmes tout bêtes :
          J'achète une gomme à 1€ puis 3 crayons rouges à 0.20€, combien dois-je débourser.
          Une fois que les enfants ont résolu le problème avec les maths, on leur montre comment le faire apparaître dans un traitement de texte (lignes d'article, colonnes lib, PU, nb, ss-tot) ; à ce stade là les 2 méthodes vont aussi vite.
          On change l'énoncé en mettant beaucoup plus de lignes de commande, là les enfants s'aperçoivent que le tableur "calcule" plus vite qu'eux.
          Enfin on modifie juste le prix de quelques articles et on leur présente l'avantage du tableur qui met tout à jour "automatiquement".
          Ca paraît bête, mais c'est la première phase de la programmation : organiser les étapes de calcul.
          Je précise qu'il s'agissait d'élèves de primaire.

          Sinon kturtle permet de revivre nos prémices de la programmations.

          Je vois si je retrouve ces cours.

  • # La lecture et l'écriture

    Posté par  (site web personnel) . Évalué à 10.

    Tout ça me fait penser à une école où on apprendrait aux enfants à lire mais pas à écrire, en fait…

    • [^] # Re: La lecture et l'écriture

      Posté par  (site web personnel) . Évalué à -3.

      Je serais curieux de savoir de quelle école il s'agit et les raisons de ce choix

    • [^] # Re: La lecture et l'écriture

      Posté par  . Évalué à 6.

      Bah, pour moi, maitriser l'informatique, c'est surtout savoir lire et comprendre ce que l'on lit.

      99% des problèmes informatiques sont résolus par la lecture : lecture de doc, lecture des messages, lecture des logs, etc …

      Donc si avant d'apprendre la maitrise de l'informatique, on apprenait aux gamins à lire correctement, ça serait déjà une avancée majeure.

      • [^] # Re: La lecture et l'écriture

        Posté par  (site web personnel) . Évalué à 2.

        Tout à fait d'accord. Je suis toujours surpris que l'on mette le « monde numérique » à l'écart du reste. L'informatique est un outil, certes extrêmement puissant, mais ça reste un outil. Envoyer des messages, communiquer, échanger des informations, ça se fait en dehors de l'informatique. Donc si on enseigne aux enfants à lire, à s'exprimer, à se forger un opinion, etc., il ne reste plus que des petites choses techniques à leur apprendre (se servir des périphériques et naviguer dans une interface).

      • [^] # Re: La lecture et l'écriture

        Posté par  (Mastodon) . Évalué à 3.

        à lire correctement, ça serait déjà une avancée majeure.

        +1

        Lire correctement passe aussi par toutes les lectures : entre les lignes, selon la culture, ou le point de vue, second degré, en prenant le point de vue de etc .. Tout ceci passe certainement par la lecture critique, au sens noble. Et pour apprendre cela, nul besoin de faire une «matière» spéciale …

  • # MBof

    Posté par  . Évalué à 6.

    Franchement, je trouve ce texte très moyen. Rempli de vide, et entre 2 vides, de contre-vérités.

    Ils sont nés en 1996. Ils ont aujourd'hui 16 ans. L'ensemble de leur scolarité s'est faite dans l'ombre et la lumière du numérique. A leur naissance, le web est âgé d'à peine 7 ans. John Perry Barlow rédige et publie la "déclaration d'indépendance du cyberespace", un texte qui reste emblématique de l'idéologie des "pionniers" et qui fut structurant pour toute une génération de primo-internautes. On peut notamment y lire ceci : "Nous sommes en train de créer un monde où chacun, où qu'il soit, peut exprimer ses convictions, aussi singulières qu'elles puissent être, sans craindre d'être réduit au silence ou contraint de se conformer à une norme. Vos notions juridiques de propriété, d'expression, d'identité, de mouvement et de circonstance ne s'appliquent pas à nous. Elles sont fondées sur la matière, et il n'y a pas de matière ici."

    16 ans plus tard, pour ces natifs du numérique, il ne reste plus rien de cette déclaration d'indépendance. Bien au contraire la plus grande partie du cyberespace est un monde fermé, propriété, contrôlé par le marketing, régi par un carcan de normes arbitraires, de lois liberticides et de technologies "privatives". Un monde hyperterritorialisé sous le contrôle de quelques multinationales.

    L'espace indépendant existe toujours, il n'a ni rétréci ni disparu, c'est juste que le web des multinationales est apparu a coté, et que ce web des multinationales est des millions de fois plsu gros et plus visible que l'autre.

    Apple, Facebook et Google décident seuls et en fonction de leurs seuls critères ce qui est publiable et ce qui ne l'est pas, invoquant le plus souvent le motif de "nudité" ou de "pornographie", et l'appliquant, par exemple, à la fermeture du compte d'un internbaute ayant osé choisir "l'origine du monde" de Courbet comme photo de profil. Les mêmes refusent aux internautes la possibilité de s'inscrire sous un pseudonyme mais, par le jeu d'un régime d'exception, "tolèrent" que Salman Rushdie reste inscrit sous son nom de plume après avoir dans un premier temps fermé son compte.

    La formidable chambre d'écho que Facebook ou Twitter constituèrent à l'occasion du soulèvement des peuples du "printemps arabe" ne doit pas faire oublier la systématisation de politiques qui, pour ces mêmes sites, vont du filtrage à la censure technique, amenant un collectif de chercheurs de l'université d'Harvard à parler de l'entrée, depuis les années 2010, dans une "4ème phase de contrôle du cyberespace".

    Certes, mais on peut tout de meme profiter d'internet sans utiliser Apple, Facebook et autres google !

    Combien de collégiens, de lycéens et d'étudiants, combien de ceux qui sont nés en 1996 sont-ils au courant de cette Histoire, de ces pratiques, de cette évolution ? Combien d'entre eux connaissent-ils le fonctionnement - même schématique - des algorithmes qui, dans Facebook ou dans Google, leurs proposent aujourd'hui des réponses avant même qu'ils n'aient formulé leurs questions ? Combien d'entre eux peuvent-ils expliquer pourquoi cette vidéo apparaît toujours classée première sur YouTube ? Combien d'entre eux sont-ils capables de comprendre ce qu'est un DRM lorsqu'ils achètent un livre numérique ? Et combien d'entre eux savent-ils qu'il existe des alternatives moins contraintes et tout aussi respectueuses du droit d'auteur, au travers de formats interopérables ?

    Meme question pour les plus vieux ! Les plus vieux non plus ne connaissent pas les algoritmes de facebook et google, ne savent pas pourquoi telle image arrive en haut de la page, ni ce qu'est un DRM ! Pourquoi les jeunes devraient ils connaitre les algoritmes de google et facebook ? Quel interet y a-t-il a connaitre ces algoritmes ? Etre conscient de leur présence, de l'exploitation des données, etc, d'accord, mais franchement, connaitre l'algoritme, kestananafoutre ?

    Combien d'entre eux sont-ils conscients, en s'inscrivant sur Facebook dès l'âge de 13 ans, que commence alors un long processus d'entrée en documentation de soi, qui ne cessera probablement même pas avec leur décès ? Combien d'entre eux sont aujourd'hui capables de faire la distinction entre la simple rediffusion de contenus déjà plébiscités par d'autres et ce qui relève du partage authentique, c'est à dire d'une appropriation et d'une rediffusion choisie ?

    En revanche, tous ont généreusement été exposés au discours stigmatisant et stérilisateur de la "recrudescence du plagiat", de la "mort des autorités et des encyclopédies de référence", et autres billevesées qui rappellent le discours des fabriquants de chandelle réclamant l'interdiction de la lumière du soleil. Mais combien d'entre eux ont-ils déjà participé, sous la conduite d'un enseignant, à l'amélioration de l'encyclopédie Wikipédia, à la compréhension des mécanismes de production et de régulation de cet outil dont même ses plus farouches détracteurs sont aujourd'hui incapables de se passer ?

    Meme reponse : pourquoi les plus jeunes ? Combien, parmis les plus vieux, ont partidcipé a l'amelioration de wikipedia ? 0,0001 % ? Pourquoi ce nombre devrait-il être plus élevé chez les jeunes qui, par définition, ont moins de savoir encyclopédique a partager, et arrivent à un moment ou wikipedia est deja très complet.

    Face à cet ensemble de bouleversements, l'école, le collège, le lycée et l'université doivent être les garants d'une citoyenneté numérique et dépasser l'ère de la didactique des légos, celle d'une unique approche "par compétence" comme le propose le B2i et autres "certificats informatiques et internet". On n'apprend pas la citoyenneté numérique comme on apprend le code de la route. A tout le moins, l'obtention dudit code de la route ne saurait se dispenser de cours de … conduite accompagnée.

    Former à Facebook, à Google, à Twitter est certes encore utile mais lorsque ces outils disparaîtront ou seront remplacés par d'autres, à quoi cela aura-t-il servi ? Il existe pourtant une solution simple : il faut enseigner la publication. De sa naissance jusqu'à sa mort, le web fut et demeurera un média de la publication.

    J'ai jamais entendu parler d'une ecole qui forme a facebook ou a twitter ! Les eleves seraient plus compétents que les profs sur ce domaine, d'ailleurs.

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