Voici une série d’articles récents rapportant la réalisation de fausses factures dissimulées via des logiciels. Ils contiennent une mise en accusation inappropriée des « logiciels libres » en général, sans qu’aucune précision ne vienne éclairer les lecteurs de ces articles qui, pour la plupart, ne savent probablement pas ce que sont les « logiciels libres » et en quoi ils diffèrent des autres logiciels.
Je ne prétends pas vouloir jouer dans la même cour que les spécialistes de la vérification des faits comme Les Décodeurs (Le Monde), Factuel AFP ou CheckNews (Libération), mais regardons néanmoins le contenu de ces articles :
- France Bleu, 11 juin 2020, par Cécile Soulé (rédactrice en chef adjointe de France Bleu Lorraine‑Nord), micro‑blogging : chapô « (…) Elle avait dissimulé ses fausses factures grâce à des logiciels libres. », sous‑titre « Des fausses factures dissimulées par des logiciels libres », texte « mais elle a surtout émis des fausses factures dissimulées grâce à des logiciels libres qui ont trompé les contrôles » ; on notera que le terme logiciel libre n’est pas défini dans l’article (pas de lien vers Wikipédia ou la définition de la FSF ou même le dictionnaire de l’Académie française, pourtant peu réputé pour sa modernité) ; de plus, ce terme non défini n’apporte rien à l’article et n’est pas utilisé pour argumenter ou expliciter : le fait qu’il s’agirait de logiciels libres change‑t‑il quelque chose ? Une caractéristique particulière des logiciels libres a‑t‑elle été utilisée dans cette affaire ? Aurait‑on écrit « des fausses factures faites avec des logiciels propriétaires » ?
Selon la journaliste, contactée par un des contributeurs de cette dépêche via son compte Twitter, « c’est l’Agape la [structure victime] qui a mentionné l’utilisation de logiciels libres dans la fraude de cette salariée. » Cela ne change rien à l’intérêt de cette précision qui n’apporte rien à l’article en l’état.
- Le Républicain Lorrain, 11 juin 2020, par Sébastien Bonetti : « un mécanisme de fausses factures, rédigés avec des logiciels libres de droits » ; il ne s’agirait donc pas de logiciels libres mais de « logiciels libres de droits » ? Faut‑il comprendre « libres de droits » dans le sens du milieu musical libre de droits pour dire gratuits, sans redevance, royalty‑free, ou bien libre de droits comme entrés dans le domaine public (situation assez rare pour du logiciel), ou bien une correction abusive sur « logiciels libres » entraînant un contre‑sens ? Par ailleurs, en dehors de ce choix de mot, cette information n’est pas utilisée pour argumenter ou expliciter.
Reprises :
- Ouest France, 12 juin 2020, par NG, qui utilise comme source France Bleu : chapô « émis de fausses factures grâce à des logiciels libres », texte « émis de fausses factures grâce à des logiciels libres qui ont trompé les contrôles, indique sur son site la rédaction locale de la radio » ;
- Le Quotidien, 11 juin 2020, repris du Républicain Lorrain ;
- RTL, 11 juin 2020, qui utilise comme source le Républicain Lorrain : article beaucoup plus neutre ne mentionnant pas de logiciels libres ou libres de droit.